Le peintre syrien qui transforme les bombes en œuvres d’art
2 Janvier 2016
Akram Abo Alfoz redonne vie aux bombes et aux balles en peignant sur les vestiges de la guerre

Akram Abo Alfoz, 38 ans, originaire de la ville de Douma actuellement contrôlée par les rebelles, transforme les armes de guerre en œuvres d’art.
Après avoir récupéré les bombes et les balles qui jonchent les rues criblées de trous d’obus de sa ville natale, Alfoz désamorce ces armes qui constituent un véritable fléau depuis le début de la guerre civile en Syrie il y a presque six ans, avant d’en sculpter les restes en s’inspirant des modèles et des motifs qui caractérisent son héritage culturel levantin. Pour lui, mener une résistance artistique et culturelle est tout aussi important que mener des batailles sur le terrain.
Interrogé par Middle East Eye, l’artiste dévoile ce qui inspire ses peintures : « Je voulais réaliser des œuvres d’art qui puissent témoigner de cette époque afin de ne jamais oublier les crimes de Bachar el-Assad [le président syrien]. »
« [Ces œuvres] sont porteuses à la fois d’un message d’espoir, de résistance et de lutte. Il s’agit aussi d’un rappel destiné à tous ceux qui sont témoins de la situation, mais préfèrent fermer les yeux », déplore-t-il.

« Le fait de peindre sur ces outils de la mort permet d’effacer la peur dans les yeux de mes enfants. » (Page Painting On Death/Facebook)
Pour ce père de trois enfants, dessiner sur des obus qui n’ont pas explosé raconte une histoire personnelle : celle d’un père qui élève ses enfants dans une Syrie assiégée. « Le fait de peindre sur ces outils de la mort permet d’effacer la peur dans les yeux de mes enfants ; ils restent en permanence avec moi lorsque je peins. »
Lorsqu’on lui demande s’il souhaite adresser un message au reste du monde, Alfoz explique : « Nous aimons la vie et luttons pour vivre dans la dignité. Le gouvernement syrien nous traite de terroristes mais nous n’en sommes pas. Nous devons défendre nos terres par nos idées et notre culture. »
À l’est de la Ghouta, dans la ville assiégée de Douma où vit Alfoz, près de 282 500 personnes sont aujourd’hui encore aux mains des forces de Bachar al-Assad, selon les Nations unies.